Il est connu que parler fait du bien. Personne n’a attendu Freud pour le découvrir que parler peut guérir à l’occasion. Déjà le confessionnal recueillait la misère morale des pénitents apportant un réconfort à ceux-ci.

« On sait qu’aller mal, être malade, est peut-être une façon de parler quand on ne sait plus parler. Dans le langage aujourd’hui, on dit : ‘somatiser’, ce qui veut dire que le corps devient un moyen de la parole. »

La médecine, avant de s’insérer dans le discours de la science, savait très bien que pour une large part elle opérait par la parole. Ce qui a changé au cours de son développement, c’est la recherche de la causalité concernant le mal-être humain.

Freud introduit l’idée que les troubles qui affectent le psychisme répondent à une cause psychique et pas seulement à une causalité biologique, chimique ou neurologique.

La psychanalyse comme la psychothérapie admettent toutes les deux l’existence de cette causalité psychique mais elles opèrent différemment sur cette réalité psychique. Elles ont donc une base commune ce qui rend parfois difficile de les distinguer réellement.

Un grand nombre de psychothérapie agissent sur et par le corps. On peut citer la méditation, la pleine conscience, le zen, l’hypnose, le cri primal etc… On constate qu’elles interviennent sur la réalité psychique par le corps.

Ce qui détermine ces pratiques comme psychothérapie, c’est « qu’il y a un Autre qui dit ce qu’il faut faire, un Autre à qui obéit le sujet qui souffre, et dont il attend l’approbation. »

Pour les autres psychothérapies qui font l’économie du passage par le corps, elles se rapprochent de la psychanalyse. Elles s’inspirent de la psychanalyse et parfois elles se disent conformes à la psychanalyse. « Il n’est pas excessif, au moins à titre exploratoire, de formuler le problème en ces termes : que la psychanalyse a produit, a nourri, a encouragé son propre semblant, et que ce semblant désormais l’enveloppe, la transit, la vampirise. »

Mais là aussi, ce qui est essentiel et fait psychothérapie, c’est l’assujettissement à l’Autre. L’incidence de la parole ne joue pas le même rôle que l’on soit en psychanalyse ou en psychothérapie. En effet, le thérapeute répond à la demande du patient s’instituant parfois en ‘juge’ de ce qui serait bon ou mauvais pour celui-ci. Il y a un Autre qui dit ce qu’il faut faire, à qui le sujet s’en remet et dont il a attend l’agrément.

La psychanalyse à l’occasion peut être psychothérapeutique. Ainsi un psychanalyste pourra tenter d’alléger le patient d’un commandement trop contraignant ou de lui faire éviter un passage à l’acte imminent. Mais là n’est pas l’objectif premier de la psychanalyse. Elle vise le Désir, c’est-à-dire ce qui anime réellement et à notre insu notre être dans l’existence.

Pour toutes ces raisons, la psychanalyse n’est pas un dialogue, c’est plutôt un monologue. Le patient parle.