On dit généralement que c’est un lieu inconnu de la conscience, une « autre scène ».
« Depuis l’Antiquité, l’idée de l’existence d’une activité autre que celle de la conscience a toujours fait l’objet de multiples réflexions. C’est cependant avec René Descartes (1596-1650) qu’est posé le principe d’un dualisme entre le corps et l’esprit qui conduit à faire de la conscience le lieu de la raison par opposition à l’univers de la déraison. La pensée consciente est alors domestiquée, soit pour être intégrée à la raison, soit pour être rejetée dans la folie. »
En référence à Descartes, on pourrait ainsi définir l’inconscient comme étant l’inverse du cogito ergo sum (je pense donc je suis). En effet, le Cogito est fondé sur l’idée d’une réduction de l’être du sujet à la pensée. Ce qui fait l’être du sujet est entièrement ce qu’il pense. C’est pour cela qu’on s’excuse de ses lapsus ou de ses actes manqués. On s'excuse au sens d'un « je n’y suis pas », au sens d'un « je ne le contresigne pas », d'un « je n'y suis pas présent ».
Et pourtant, je suis là, où je ne pense pas et je pense là où je ne suis pas. J’existe et je suis déterminée par des paroles qui me sont inconnues de moi.
Freud disait que nous ne sommes pas maître dans notre propre demeure. Il considérait que l’homme avait subi trois révolutions depuis l'avènement des Temps modernes. La première, celle de Copernic, lui apprenait que la Terre n'est plus la planète autour de laquelle semblait jusqu'alors graviter l'ensemble de l'Univers. Ensuite, Darwin qui lui enseigne que l'Homo sapiens est le fruit d’une longue évolution et qu’il n'est pas sorti tel quel du jardin d'Eden. Et enfin, la dernière révolution, dont il est lui-même l'auteur, qu’est la découverte de l'inconscient, qui ruine la maîtrise que nous croyons avoir sur nous-mêmes : rêves, lapsus, actes manqués et oublis témoignent à foison qu'un inconnu règne dans la maison.
L’inconscient ça parle. Et ça parle dans une langue qui n’est pas une langue commune. Une langue particulière à chacun. Mais il n’existe pas de clé des songes. Il n’y a pas de dictionnaire de l’inconscient commun à tous.
Dans l’analyse, on découvre que l’on est un message secret. Vous apprenez à les lire, à vous lire. Vous apprenez la langue dans lequel vous parlez sans le savoir et sans qu’on sache l’entendre. Votre inconscient, c’est une langue que personne ne parlerait plus, comme une langue morte et dont pourtant il y aurait des messages comme des hiéroglyphes qui attendraient son Champollion.